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   Il ne s'agit pas d'une fantaisie d'artiste si je dessine la plupart du temps debout, à côté de mon tabouret : c'est que celui-ci est occupé par ma vieille chatte. Si je la chasse pour m'asseoir, elle me rend la vie impossible. Elle me griffe le derrière en râlant jusqu'à ce que je lui cède à nouveau SA place. Son obstination finit toujours par l'emporter.

   Ne vous étonnez pas de mes fréquentes crises de lumbago.

 ... Mais le plus embêtant, c'est quand elle choisit de s'installer sur mon dessin (en particulier quand je suis en train de faire des monotypes). Impuissant et résigné, je reste à la regarder qui s'étire, ou faire minutieusement sa petite toilette. Il est tout à fait vain dans ces moments d'essayer de lui faire la conversation et davantage encore de la caresser. Un lourd regard dédaigneux vous renvoie alors à la servilité de votre condition. Survient ensuite l'appel de la chasse : son instinct de grand fauve s'éveille et la voilà qui prend pour proie mes inoffensifs instruments de travail. Elle trouve exaltant de les repousser par une succession de petits coups de patte diaboliques jusqu'au rebord de la table.

Une ultime pichenette et  ̶  victoire !  ̶  les voilà gisant sur le parquet.

   ... Et les poils ! Les poils sur mon beau papier Arches satiné !

   Plusieurs de mes confrères m'ont confié se trouver confrontés à de semblables sévices félins. Comme elle est réconfortante, cette légendaire fraternité entre artistes !

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