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PRESÉPIOS DE NATAL Crèches de Noël

La nostalgie d’une vie ordonnée et paisible comme au temps de la Bible

 

À la période de Noël, des crèches apparaissent un peu partout sur l’île de Madeira. Certaines ont les dimensions du monde réel. Elles occupent le point central des villes et sont mises en place par les services municipaux, les vacanciers les prennent en photo. D’autres se trouvent dans les églises, selon la coutume religieuse. Les personnages y sont en nombre et de petite dimension, des guirlandes lumineuses les parcourent. Rien là de surprenant, rien de véritablement original.

 

La surprise survient pour qui parcourt les routes denses et accidentées au flanc des montagnes. Elles sont jalonnées de crèches, plusieurs centaines sur toute l’île, ici en bordure d’un carrefour, là contre le mur d’une maison d’habitation. Quand les unes disposent d’un abri métallique sous lequel s’abritent des dizaines de personnages, les autres recourent aux couvertures de chaume, à l’image des maisons d’autrefois.

 

Ces crèches font appel à l’inventivité et au sens du réalisme des milieux ordinaires qui interprètent à leur façon et avec leurs moyens les codes de la Nativité. Si le thème est commun, aucune crèche pourtant ne ressemble à une autre. Ici, les racines mouvementées d’un caoutchouc deviennent un paysage accidenté sur lequel s’étagent maisons et personnages. Ailleurs, ce sont des lichens, des cailloux des chemins, du papier couleur de roche, de la terre grumeleuse et ocre, des agapanthes au vert intense, quelques branches sèches qui forment des paysages évoquant ceux de l’île, ou, dans un cas, ceux désertiques de l’Orient d’où émergent maisons de chaux blanche et quelques palmiers.

 

Chaque crèche est la représentation idéalisée d’une vie locale ordonnée et paisible, qui semble défier les artifices du monde moderne. Les habitations sont alignées, l’église est en bonne place, artisans et paysans sont au travail, le prêtre et une fanfare en bleu se détachent de l’ensemble, des moutons sont partout, fidèles et inchangés depuis l’époque de la Bible. Là une embarcation rappelle l’omniprésence de l’océan et les durs métiers de la mer. La misère qui régnait voici peu encore, obligeant un grand nombre à émigrer, est rendue invisible. Quelques crèches sont l’occasion d’une certaine irrévérence ou témoignent de la participation des enfants : des nains turbulents occupent un escalier, un dinosaure jaune émerge d’un manoir, les personnages sacrés ont un air facétieux de film d’animation.

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